Mali: ville reprise en direction de Gao mais les islamistes dynamitent un pont
Soldats français et maliens ont repris vendredi une localité sur la route de Gao, bastion des islamistes dans le nord-est du Mali, mais ceux-ci ont riposté en dynamitant un pont stratégique près de la frontière nigérienne d'où pourraient venir des forces de la coalition africaine. Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a affirmé vendredi qu'il n'y avait "pas de risque d'enlisement" de la France au Mali, ajoutant que "les objectifs" fixés par Paris dans ce pays étaient "atteints et respectés". La France a toutefois demandé à ses partenaires occidentaux un renforcement de leur soutien logistique à l'opération au Mali, notamment en avions ravitailleurs, a-t-on appris vendredi auprès du ministère de la Défense. Une dizaine de pays, principalement occidentaux, fournissent déjà un soutien, notamment en moyens de transport, à l'opération française au Mali. Et la Grande-Bretagne a annoncé vendredi avoir aussi envoyé un avion de surveillance "en soutien aux opérations militaires françaises au Mali". Sur le terrain, militaires français et maliens progressaient en direction du nord du Mali, vers les métropoles de Gao et Tombouctou, où des informations faisaient état d'une situation de plus en plus difficile pour la population de ces villes. "Les militaires maliens et français sont à Hombori. Ils y assurent la sécurité. Il n'y a plus d'islamistes sur place", a déclaré vendredi à l'AFP un enseignant de la localité reprise, située à 920 km de Bamako. C'est à Hombori que deux Français, en voyage d'affaires selon leurs proches, ont été enlevés en novembre 2011. Un rapt revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Sept otages français sont aujourd'hui retenus au Sahel. Une source malienne de sécurité a précisé que les soldats français et maliens allaient poursuivre leur progression vers Gao, une des principales villes du nord du Mali, situé à un peu plus de 200 km à l'est de Hombori. "Nos objectifs sont respectés. Nous contrôlons désormais Hombori. Les troupes présentes à Hombori visent maintenant Gao", a-t-elle indiqué. Gao et ses environs ont été la cible de frappes aériennes de l'armée française dès le début de son intervention le 11 janvier pour neutraliser les islamistes armés liés à Al-Qaïda qui, en 2012, avaient pris le contrôle de tout le nord du Mali, afin d'empêcher leur progression vers le Sud et la capitale Bamako. Parallèlement, les soldats français et maliens qui ont repris la ville de Diabali (400 km à l'ouest de Bamako) aux islamistes vont se diriger vers Léré, plus au nord-est, dans le but de "prendre le contrôle de Tombouctou", selon la source de sécurité. Dans la région de Gao, les groupes islamistes ont riposté en sabotant le pont de Tassiga, sur le fleuve Niger, paralysant une des deux routes que pourraient emprunter les soldats tchadiens et nigériens en cours de déploiement au Niger, pour, à partir de ce pays remonter vers Gao, proche de la frontière. "Les islamistes ont dynamité le pont de Tassiga. Personne ne peut plus passer pour aller au Niger, ou venir vers Gao", a déclaré Abdou Maïga, propriétaire de camions de transports, dont le témoignage a été confirmé par une source de sécurité nigérienne. "Malnutrition aigue" Tassiga est une localité située à 60 kilomètres de la frontière nigérienne. Deux mille soldats tchadiens et 500 nigériens pourraient, à partir du Niger, ouvrir une autre voie vers Gao pour aller chasser les groupes islamistes armés au Mali. L'aviation française avait bombardé dans la nuit de mercredi à jeudi des positions islamistes à Ansongo, à 40 km de Tassiga, sur la route menant à Gao. A Gao même, la situation humanitaire se dégrade, selon Action contre la faim (ACF), qui évoque "des cas de malnutrition aiguë". La situation est également critique à Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako), selon des habitants qui indiquent être privés d'eau et d'électricité depuis trois jours. Plus de 9.000 Maliens ont fui dans les pays voisins depuis le début des opérations militaires françaises au Mali le 11 janvier, a indiqué vendredi le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Genève. Le nombre total de réfugiés dans la région dépasse désormais 150.000 et il y a environ 230.000 déplacés à l'intérieur du Mali. Face à cette situation, les chefs d'état-major ouest-africains doivent se rencontrer samedi en urgence à Abidjan, afin de discuter des opérations au Mali, a annoncé la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Des soldats de la force africaine, mandatée par l'ONU, ont de leur côté commencé à se déployer au Mali, où 2.500 soldats français sont déjà positionnés: ainsi, 160 militaires du Burkina Faso sont arrivés à Markala (270 km au nord de Bamako), pour prendre la relève des Français qui tenaient un pont stratégique sur le Niger. Quelque 6.000 soldats africains devraient à terme être présents au Mali. A la situation humanitaire qui s'aggrave, s'ajoutent les accusations des organisations de défense des droits de l'homme et de nombreux témoins contre l'armée malienne qui se serait rendue coupable d'exactions, particulièrement à l'encontre des Arabes et des Touareg, assimilés aux "terroristes" islamistes. |
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