SAKISIDA

Newton Hamed Barry à propos de la vidéo d'anniversaire de Blaise Compaoré: "Et pourtant j’ai raison!…"

Certains de mes amis m’ont enjoint de ne rien écrire sur les polémiques, parfois malveillantes, qui ont brocardé, mon récent clin d’œil, sur le soixante dixième anniversaire de Blaise Compaoré. J’ai constaté, comme de coutume, combien il est périlleux d’oser parler de certains sujets dans notre pays. Pas pour les contradictions que cela peut soulever, mais a cause de l’intolérance d’un nombre significatif de nos compatriotes. Une telle attitude bride les débats et rend impossible toute possibilité alternative.

J’ai dit avoir versé une larme, quand j’ai vu le film de son anniversaire. Je ne me suis pas interrogé sur le pourquoi de la diffusion du film et pour quel dessein. J’ai eu la réaction que j’ai eu, par humanisme et comme disait le philosophe, rien de ce qui est humain ne peut être étranger à un autre humain. Certains y ont vu de la sensiblerie. D’autres une apologie de l’impunité.
Ceux qui ont de la mémoire savent toutes les misères que j’ai vécu sous le régime de Blaise Compaoré. Ma carrière à la fonction publique a été compromise, ma vie et celle des membres de ma famille mises en danger. Je porte toujours les stigmates d’un empoisonnement raté des sbires du régime Compaoré. J’ai dû la vie sauve a la chance que l’effet du poison a commencé quand j’étais en France. Puis il y a eu l’épisode du Togo. Mais je remercie Dieu, car il ne m’a pas affublé de la rancune. Évidemment je respecte la douleur et la souffrance des ayant-droits des nombreuses victimes du régime Compaoré.
Et ceux qui sont justes reconnaîtrons que j’ai mené une lutte sans concession contre Blaise et son régime, pendant près de 27 ans, justement au nom du refus de l’impunité. Quant Blaise et son régime étaient tout puissant et que peu osait, je fais parti d’une minorité, je ne m’en prévaut pas pour un quelconque trafic d’influence, qui lui ont porté continuellement la contradiction.
Mais mon engagement pour les valeurs de démocratie et de liberté n’a jamais été une haine personnelle. Je ne hais pas Blaise, je n’ai jamais été d’accord avec sa façon de venir au pouvoir et sa gouvernance. J’ai manifesté ce désaccord alors qu’il était encore tout puissant et craint. Aujourd’hui et pour cette raison j’ai ma conscience pour moi, pour ne pas me réjouir de ce qui lui arrive. De ma vie je ne souhaite voir le malheur de personne. Pas même celui qui peut être mon indécrottable ennemi. Mon cœur est trop petit, il n’a pas de place pour la haine. Et pour avoir été le contemporain des parents de Sankara et de Norbert Zongo le plus important enseignement que je retiens, c’est leur grandeur d’âme dans la douleur.
Au pré combattants de l’impunité !
Quand je lis certains, je me dis mon Dieu ! Si un cœur pareil avait un tant soit peu un minimum de pouvoir de quel monstruosité ne serait-il pas capable ? Ceux que nous vouons à la géhenne aujourd’hui ont agi exactement avec la même conviction bovine quand ils avaient la plénitude du pouvoir. Dans la même situation les justiciers d’aujourd’hui convaincu de leur bon droit auraient sûrement fait pire. Mon observation de la scène politique ces 30 dernières années, m’a convaincu d’une chose : pour exorciser le signe indien de notre gouvernance politique, il faut plus travailler à déraciner les causes « qui perdent nos dirigeants une fois au pouvoir » que de s’acharner à humilier les  » anciens puissants ».
Depuis 1966, nous avons chassé et humilié presque tous nos présidents. Aucun d’ailleurs n’a bénéficié de l’impunité. Presque tous sont partis « du palais à la prison » puis se sont retrouvé devant les juges. Les seuls exceptions, c’est Sankara, Kafando et Ouezzin coulibaly. Donc a vrai dire aucun président burkinabè n’a jusque-là bénéficier d’une impunité. Maintenant qu’en sera t-il Blaise? Nul ne le sait. Cependant, pour qu’il réponde devant la justice, sauf si certains pensent à la vengeance et non à la justice, deux conditions au moins doivent être remplies :
– il faut que Blaise ai encore toutes ses facultés
– Ensuite il faut que notre arsenal juridique, tel qu’il existe aujourd’hui permette qu’il soit jugé.
Ce disant, je vois certains pousser des cris de putois, et brandiront ces lignes comme l’ultime preuve de la collusion de NEWTON AHMED BARRY avec les Blaise. Grand bien leur fasse.
Cependant, si nous voulons mettre fin à la malgouvernance dans notre pays, il faut essayer d’autres recettes. Il ne s’agit nullement d’encourager l’impunité ou de vouloir soustraire quiconque de la justice. Pour une fois laissons nos mauvais sentiments au vestiaire. Il faut investiguer des solutions qui apaisent les victimes et leurs ayant-droits et qui aident le pays à se mettre définitivement et durablement sur les rails de la concorde nationale.
Le terrorisme des réseaux sociaux !
Certains sont devenus les régents des réseaux, en réprimant toute pensée discordante. Pourtant il faut encourager la discussion. Beaucoup de gens n’osent pas émettre une opinion de peur des gendarmes de la « bonne pensée « .
Cet état d’esprit perpétue justement ce pourquoi ces gendarmes ferraillent. Sans contradiction, il ne peut y avoir d’enrichissement. Il faut éviter d’aligner la succession « des raisons du plus fort ». La vérité des puissants du moment, n’est pas forcément la meilleure.
Notre devoir devant l’histoire est de travailler a l’avènement d’un régime politique qui assure une égale protection à tous les citoyens. Peu importe qui vous êtes.
NAB


10/02/2021
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