Dans la nuit du 24 au 25 décembre 2021, alors qu’un groupe d’homosexuels s’était donné rendez-vous pour passer la Nativité, le bâtiment a été attaqué par des jeunes en colère. L’incident a eu lieu dans une maison non loin de Koubri, ville située à la périphérie de Ouagadougou. Aucune victime humaine, mais plusieurs dégâts matériels.
Des victimes en cavale et des menaces proférées. « Il n’est pas bien vu d’être homosexuel à Ouagadougou ». Ainsi pourrait se résumer l’incident survenu à Koubri, territoire presque avalé par la capitale Ouagadougou. Se sentant menacés et déterminés à vivre leur relation, quatre couples d’homosexuels ont décidé de se donner rendez-vous dans une maison à la sortie de Ouagadougou, avant la ville de Koubri. Mais ils ne pouvaient pas se douter que quelqu’un savait leur plan. 01h 05 : alors que les jeunes amoureux avaient fini de manger et s’élançaient sur la piste de danse de circonstance, ils seront alertés par des bruits et coups, d’abord, contre les ouvertures (portes et fenêtres) du bâtiment pourtant clos. Ensuite, c’est au cri de « Le feu, mettez le feu », qu’ils réaliseront que leur vie était en danger. Alors, c’était le sauve qui peut. Chacun a pris ses jambes au cou.
« Dans leur furie, les agresseurs ont endommagé le bâtiment, pillé le contenu et menacé de tuer tous ceux qui oseraient s’adonner à des pratiques contre-nature dans leur localité », ont rapporté les voisins à notre équipe.
Le lendemain, à notre arrivée sur les lieux, ce ne sont que des amas de briques et quelques restes de repas éparpillés sur le sol, puis un véhicule éventré dans la cour qui témoignent de la vie en ces lieux la veille.
De fil à aiguille, nous avons réussi à joindre Monsieur PIM, homosexuel et principal organisateur de la fête. « Aujourd’hui ma vie est menacée », lance-t-il d’entrée de jeu.
Dans un récit détaillé, monsieur PIM nous relate leur calvaire. « On est plus que des parias. Pourtant, on ne demande qu’à vivre. Nous travaillons, payons nos impôts comme tous les autres citoyens. Mais on ne peut pas exprimer notre choix. A la maison, on vous regarde comme un extra-terrestre. Depuis 16 mois, je n’ai plus vu mes parents. Si certains membres de ma famille ont fini par me tolérer, ce n’est pas le cas de tous. Tout le quartier me regarde bizarrement. J’ai perdu ainsi beaucoup d’amis. Et pour ne pas exposer davantage mes parents, j’ai dû déménager et me trouver une maison. Je vis seul et caché. Dans la hantise, on évite certains espaces. Mais ce qui s’est passé hier, c’est le comble. Qu’avons-nous fait de mal ? Vous pouvez comprendre ça ? Jusqu’à présent, je ne sais pas où sont passés et ce que sont devenus mes amis. Quand mon téléphone sonne, ce sont des menaces. Je ne vous dis pas. Ma maman a appelé en pleurs. Sa seule question c’était : « j’espère que tu n’étais pas dans cette villa ? » ». Dans son récit, il nous fait une confidence. « J’ai un ami du nom de IBS. Lui, il a chance. Il est parti et vit désormais au Canada. Sa maison a été démolie et il a été banni de son village. On est désemparé ».
Contre vents et marées, le phénomène homosexuel s’étend. Approché, le responsable sécuritaire du ressort territorial explique son dilemme : « Nous avons fait le constat. Mais nous ne pouvons pas interpeller des gens, au risque d’exposer nos éléments et notre bâtiment ». Et ses inquiétudes sont fondées. De récentes expériences à Bobo-Dioulasso témoignent d’une mise à sac du poste de police par les populations, suite à l’interpellation et la détention d’un groupe de jeunes qui ont saccagé une auberge servant de lieu de rencontre à des gays et lesbiennes.