République tchèque: le pro-européen Zeman succède à l'eurosceptique Klaus
Le pro-européen Milos Zeman, 68 ans, ancien Premier ministre et vétéran de la gauche tchèque, a remporté haut la main samedi la première présidentielle tchèque au suffrage universel et succédera à l'eurosceptique notoire Vaclav Klaus. Fort de 54,8% des suffrages, M. Zeman a largement devancé le ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, aristocrate de droite âgé de 75 ans, qui a obtenu 45,2% des voix. Le taux de participation a atteint 59,1%. M. Zeman, qui se qualifie lui-même d'"euro-fédéraliste", est favorable à l'entrée de la République tchèque dans la zone euro. A la différence de son prédécesseur dont le mandat expire le 7 mars, M. Zeman se dit prêt à hisser au Château de Prague, son futur siège officiel, le drapeau bleu étoilé de l'Union européenne. Milos Zeman sera un "président pro-européen", a résumé le politologue Tomas Lebeda ajoutant : "il n'est certes pas un euro-enthousiaste sans réserve, mais son approche à l'égard de l'Union européenne sera sûrement beaucoup plus rationnelle que celle de Vaclav Klaus". De Bruxelles, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a "chaleureusement" félicité Milos Zeman pour son élection. "Vous assumez les plus hautes responsabilités à un moment crucial, alors que l'Union européenne est en train de prendre des décisions importantes pour son avenir et sa position dans le monde tout en étant encore confrontée à de sérieux défis économiques", a-t-il souligné. Le président sortant Vaclav Klaus, volontiers provocateur, reprochait à l'UE son "déficit démocratique", ses excès bureaucratiques et ses régulations supranationales. Il avait qualifié la récente attribution du prix Nobel de la paix à l'UE d'"erreur tragique". L'approche de Prague envers l'UE "changera", selon Jan Kavan, ministre tchèque des Affaires étrangères à l'époque où M. Zeman était Premier ministre (1998-2002). Un point d'interrogation planait autour de la future cohabitation entre le président de gauche et le gouvernement de centre droite de Petr Necas, dont le mandat expire en 2014. Fragilisé par sa politique impopulaire d'austérité budgétaire mais aussi par des scandales de corruption, le gouvernement a progressivement perdu sa majorité à la chambre basse. Mais il a déjà survécu à cinq motions de censure. M. Necas, chef du parti de droite ODS, a qualifié l'élection de M. Zeman de "logique" et "naturelle". Il a rappelé que le nouveau chef de l'Etat formait avec l'artisan de la "Révolution de velours" Vaclav Havel et le président sortant Vaclav Klaus le trio ayant le plus marqué l'évolution du pays depuis la chute du communisme. "Je n'ai aucun doute que (Milos Zeman) respectera l'ordre constitutionnel", a aussi affirmé M. Necas alors que Bohuslav Sobotka, le chef du parti social-démocrate d'opposition, a salué la "défaite de la coalition" de centre droit. Le CSSD serait le grand favori d'élections anticipées en cas de l'éventuelle chute du cabinet, selon des sondages concordants. Dans un entretien téléphonique, le président polonais Bronislaw Komorowski a félicité samedi soir Milos Zeman pour sa victoire en exprimant l'espoir de voir une continuité dans les relations bilatérales, régionales et européennes. Il a invité M. Zeman en Pologne, invitation qui a été acceptée, selon un conseiller de la chancellerie présidentielle à Varsovie. Le nouveau président prêtera serment le 8 mars au Château de Prague, ancienne résidence royale devenue siège officiel de la présidence tchèque après la création de la Tchécoslovaquie en 1918. Milos Zeman sera le troisième président de la République tchèque depuis l'indépendance de ce pays en 1993, après l'artisan de la "Révolution de velours" de 1989 et chef de l'Etat en 1989-2003 Vaclav Havel et l'économiste libéral Vaclav Klaus (président depuis 2003), tous deux élus encore par le Parlement. Economiste de formation, M. Zeman arrive au point culminant de sa carrière politique, après avoir notamment occupé les postes de chef de la Chambre basse du Parlement (1996-1998) et de Premier ministre (1998-2002) alors qu'il était chef du Parti social-démocrate (CSSD). |
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