Téma Bokin : Le village de Sankara intéresse politiquement le CDP
Le 02 décembre prochain auront lieu les élections couplées législatives et municipales. Ces élections seront de haute intensité. Dans la province du Passoré, le CDP prépare une revanche. Sur les 9 communes de la province, seule la commune de Bokin est sous la tutelle de l’opposition. Les élections municipales de 2007 avaient été remportées par l’UNIR/PS dans un duel très enlevé d’avec le parti au pouvoir, le CDP. 33 conseillers municipaux pour le CDP contre 48 pour l’UNIR/PS soit 81 conseillers en tout pour les 40 villages de la commune. La conquête de la commune de Bokin serait devenue un défi pour la section locale du CDP. Jusqu’au niveau de ses plus hautes instances, le CDP a mis un point d’honneur pour ramener la brebis perdue dans l’enclos. Une brebis égarée car au-delà de la province du Passoré, la commune de Bokin est une exception jusqu’au niveau régional.
Dans la région du Nord, Bokin est la seule commune à être dirigée par l’opposition. Et quelle opposition ? A y voir, l’ombre de Thomas Sankara n’est pas étrangère à la situation d’exception de Bokin. Même si le maire actuel Nongma Ernest Ouédraogo (lui qui fut ministre de l’intérieur sous Thomas Sankara) est lui-même de Bokin et qu’il y réside, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le nom de Thomas Sankara joue en faveur de l’UNIR/PS. Comme dans beaucoup de villages de la commune, les deux conseillers de Sitoéga sont de l’UNIR/PS et la première adjointe au maire Nongma est issue de la famille de Thomas Sankara. Cela va-t-il changer ? Le CDP y croit.
Un plan béton est en préparation depuis bien avant l’enrôlement des électeurs. Le 15 juillet dernier, les députés et les élus locaux du CDP de la province du Passoré ont tenu une Assemblée à Bokin. La conquête de Bokin et les stratégies à mettre en œuvre étaient au centre de cette Assemblée qui a vu la présence de personnalités politiques de la province comme la députée Fatou Diendéré. Cette Assemblée qui a eu lieu avant l’enrôlement électoral qui commençait dans la province le 27 juillet a été une occasion pour le parti d’exhorter les populations à s’inscrire sur les listes.
Dans le numéro 12 de Mutations, nous faisions cas de fraude à l’inscription dans la commune de Bokin. Des sources avaient rapporté que des personnes avaient été convoyées dans des cars pour se faire enrôler dans cette commune. Mais des sources opposées soutiennent que ces personnes venues dans des cars sont des ressortissants de Bokin qui se trouvaient hors de la commune et qu’elles sont rentrées en toute régularité pour s’inscrire chez elles.
L’or pourrait faire la différence
La meilleure carte du CDP dans ce duel, c’est sans conteste son directeur communal de campagne. Celui qui va diriger la campagne du CDP à Bokin est un vrai joker, une machine à gagner mais aussi une véritable machine à sous. Son nom s’écrit en lettre d’or. Sans blague. Il s’agit du richissime Sayouba Sawadogo plus connu sous le nom de « Sayouba Sanema » (Sayouba or en mooré). Ce dernier a déjà dirigé la campagne présidentielle de Blaise Compaoré en 2010. Plus discret que certains concessionnaires de sites d’or, Sayouba Sanema serait le plus riche des exploitants nationaux d’or. Dans le quartier Tanghin où il habite à Ouaga, ses investissements dans l’immobilier parlent pour lui.
Il est originaire de Dakouli, un village de Bokin. Après l’enrôlement biométrique qui a eu lieu du 27 juillet au 5 août puis le dépôt des listes des candidats qui a pris fin le dimanche 23 septembre dernier, c’est une partie de l’élection qui s’est ainsi jouée. Il faut attendre maintenant la campagne et le soir du 2 décembre pour voir qui du CDP ou de l’UNIR/PS aura l’onction des populations pour gérer la commune de Thomas Sankara.
Cédric Kalissani
MUTATIONS N° 14 du 1er octobre 2012. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)
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