En rappel, le 18 avril dernier, l’opinion publique a eu l’information selon laquelle 44 personnalités du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) ont reçu notification de ce que leur passeport diplomatique ont été annulés. Ce qui a suscité une levée de bouclier au sein de l’opinion. Mais comment et par qui, cette annulation s’est-elle opérée ? A propos, le ministre Djibrill Bassolet précise « En ma qualité de ministre des affaires étrangères, j’ai donné des instructions à mes services de procéder à l’annulation d’un certain nombre de passeports diplomatiques et j’ai demandé que notification leur soit faite ».
Sans doute, qu’il a lui-même a été instruit. En effet, le chef de la diplomatie burkinabè a révélé que c’est le président du Faso qui, et octroie et décide de l’annulation des passeports diplomatiques. Et les raisons seraient, selon Djibrill Bassolet, que ces personnalités qui avaient bénéficié de la confiance du président du Faso qui leur a octroyé ce précieux document de déplacement et de fonction, non seulement n’exercent plus les fonctions pour lesquelles elles en avaient été dotées, mais aussi sont en rupture avec le Chef de l’Etat. Et pour lui, « le fait d’être en rupture avec le président, le fait de ne plus avoir la même vision que lui, le fait de ne plus poursuivre les mêmes objectifs que lui, peut l’amener à décider de l’annulation du passeport diplomatique ».
Et de poursuivre, « Face à la situation nouvelle, et face aux positions politiques de certaines personnalités qui sont entrées en rupture et qui n’appliquent plus l’objet pour lequel le passeport leur a été octroyé, naturellement, le retrait s’en suit ». La décision d’annulation de ces passeports est donc une mesure venue en réalité, du sommet. Une mesure dont on ne peut « remettre en cause la justesse » ; sauf à « s’en émouvoir ». C’est du moins, ce qu’a relevé le ministre d’Etat Djibrill Bassolet. Et depuis le 18 avril 2014, elle – cette mesure - frappe 44 personnalités de notre pays. Des personnalités dont la liste n’est pas disponible pour la presse. Avec le Chef de la diplomatie, l’on saura qu’une telle liste, « par principe, on ne la diffuse pas ; elle est simplement transmise aux représentations diplomatiques ». Et l’insistance des journalistes n’a aucunement pu faire décoller de ce principe.
Le passeport diplomatique, c’est…
Le point de presse du jour a également été l’occasion pour le ministre des affaires étrangères de dispenser un cours sur le passeport diplomatique. L’on en retiendra que ce document d’une durée de validité de cinq ans est destiné à favoriser et à faciliter l’exercice d’une fonction officielle. Il « a donc un rôle éminemment fonctionnel » dans le sens de la défense des intérêts du pays à l’étranger. Sa mention spéciale tient en l’expression de la souveraineté d’un Etat qui requiert auprès d’autorités du pays d’accueil, assistance et protection pour son détenteur.
Les conditions de son octroi dans notre pays sont régies par le décret n°2008-820/PRES/PM/MAECR du 18 décembre 2008 portant fixation des règles de délivrance des passeports diplomatiques et de service. Et à en croire le ministre Djibrill Bassolet, ce décret précise en son article 3 que le passeport diplomatique peut être accordé de façon discrétionnaire à toute personne désignée par le président du Faso pour en bénéficier.
Quant aux motifs de son annulation, en plus de celui tenant au constat que le titulaire n’est « manifestement plus à même de défendre les intérêts du pays conformément à la vision et à l’orientation de la politique étrangère du Président du Faso », il y a l’utilisation abusive, la condamnation à une peine infamante, la condamnation à une peine d’emprisonnement de plus de trois mois, ainsi que la perte de la qualité d’agent de l’Etat. Et le ministre Bassolet de préciser,non seulement « être opposant n’est pas un motif de déchéance », mais aussi ces 44 personnalités « n’ont pas commis d’infraction ». Seulement, poursuit-il, « celui qui a accordé le passeport considère simplement que l’objet pour lequel il a délivré le passeport n’est plus rempli ».
La conférence de presse du jour, le ministre des affaires étrangères en a aussi vue l’occasion pour dire qu’il ne s’était jamais exprimé publiquement au sujet de ces passeports diplomatiques. « A la date d’aujourd’hui, je n’ai jamais fait une déclaration publique, je n’ai jamais accordé d’interview à propos de l’annulation de ces passeports », a-t-il martelé ; rejetant ainsi l’interview – relativement à la question - qu’il aurait accordée à notre confrère « Aujourd’hui au Faso ».
Fulbert Paré
Lefaso.net