des balles en caoutchouc pour disperser des mineurs grévistes en Afrique du Sud
La police sud-africaine a tiré samedi des balles en caoutchouc à Rustenburg (nord-ouest) pour disperser des mineurs grévistes qui manifestaient leur colère contre le Syndicat national des mineurs (NUM) accusé de trahir leurs intérêts. Les policiers ont aussi fait usage de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes contre les mineurs qui protestaient, tandis qu'un hélicoptère effectuait des rondes au-dessus du stade de Rustenburg (110 km de Pretoria). "La police a dû utiliser des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc au stade pour disperser la foule", a déclaré à l'AFP le colonel Emelda Setlhako, en précisant qu'environ 400 manifestants avaient tenté d'empêcher le rassemblement syndical dans le stade. Une personne, "battue" dans les affrontements, "a été légèrement blessée et sept ont été arrêtées pour rassemblement illégal", a-t-elle ajouté. Un photographe de l'AFP a vu un homme - vêtu de rouge, couleur syndicale - ensanglanté après avoir été frappé. Les mineurs impliqués dans une série de grèves illégales se disaient mécontents de la façon dont le NUM les représentait. Ils s'étaient mobilisés pour tenter d'empêcher la tenue, dans le stade, d'une réunion du Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu) auquel le NUM est affilié. "Ils prennent leurs propres décisions de leur côté, ils ne consultent pas les travailleurs. Alors qu'ils sont là pour nous représenter, nous, les mineurs", déclarait un gréviste de la firme Anglo American Platinum (Amplats), Simon Mothlabi, ajoutant: "Ils gagnent beaucoup d'argent (...) et nous, trois fois rien." Le rassemblement syndical a finalement eu lieu dans le stade, rassemblant environ 1.500 personnes. Le Cosatu est un allié-clef du parti au pouvoir, l'ANC (African National Congress), et certains de ses anciens dirigeants détiennent maintenant des postes importants dans les affaires ou au gouvernement. Le Cosatu accuse de son côté les organisateurs des grèves sauvages - durant lesquelles la police a tué 34 personnes en août - d'avoir des visées politiques et d'être responsable d'une vague massive de licenciements. "L'Afrique du Sud est assise sur une bombe à retardement en ce qui concerne le chômage", a déclaré à la presse le secrétaire général du Cosatu, Zwelinzima Vavi après le meeting. "Nous ne faisons que réparer leurs dégâts tout le temps. Ce sont presque 30.000 travailleurs qui ont été renvoyés. Ce rassemblement syndical (ce samedi) vise à rassembler tous les travailleurs en Afrique du Sud", a déclaré Zwelinzima Vavi durant la réunion. "Nous avons besoin d'une fédération unie et forte pour tous les travailleurs dans l'industrie minière", a-t-il insisté. Un mémorandum demandant la réembauche des salariés licenciés et l'ouverture de négociations salariales a été remis à des responsables du gouvernement au cours du rassemblement. "Nous sommes ici pour manifester (...) Nous, les mineurs grévistes, nous sommes fatigués du NUM", expliquait à l'AFP un employé d'Amplats, Reuben Lerebolo, alors que des mineurs en colère avaient mis le feu à des tee-shirts syndicaux. Ces protestations avaient lieu au lendemain de l'annonce par le NUM d'un accord avec le premier producteur mondial de platine, Amplats, pour réembaucher 12.000 grévistes licenciés, après six semaines d'arrêt de travail dans les mines. Selon cet accord, les travailleurs ont jusqu'à mardi pour reprendre le travail et se verront alors offrir 231 euros (179 dollars) de prime. Mais Amplats abrite le dernier carré de grévistes irréductibles. Ils assurent qu'ils n'ont pas été avertis de la conclusion de cet accord, ce qui pourrait signifier une reprise des grèves sauvages qui ont paralysé les mines d'or et de platine depuis le mois d'août. "Nous ne savons rien de cela (l'accord). Nous n'avons pas été consultés, nous l'avons simplement appris par la radio", a indiqué M. Lerebolo, qui portait une affiche proclamant "NUM, on en a marre de toi". "Nous ne pouvons pas retourner travailler tant que nos demandes ne sont pas satisfaites", a-t-il ajouté. En revanche, dans les mines d'or, les grèves touchent apparemment à leur fin. Avec ces grèves sauvages, l'industrie minière estime avoir perdu 900 millions d'euros, selon la Chambre des mines. Rustenburg est le chef-lieu du bassin minier où a démarré la crise, à la mine de platine de Marikana. Ces conflits ont fait une soixantaine de morts depuis août, dont près de la moitié dans des règlements de compte entre mineurs, très remontés contre le NUM. Chez Amplats, les violences ont fait 4 à 9 morts. |
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