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Litige foncier à Komsilga : Plus d’une centaine de personnes sommées de déguerpir avant 08 jours

Plus d’une centaine d’habitants du quartier Tengandogo dans la commune de Komsilga ont reçu ce 07 août 2021 une décision de justice leur ordonnant de quitter les lieux dans un délai de 08 jours. Les parcelles, au nombre de 71, qu’ils estimaient être les propriétaires, étalées sur 20 000 m2, appartiennent en réalité à une autre personne.

Réveil inhabituel pour plusieurs habitants du quartier Tengandogo dans la commune de Komsilga, ce 7 août 2021. Des policiers armés partout. Que se passe-t-il ? Une décision de justice leur ordonne de quitter leur quartier dans 08 jours. Pourquoi ? Parce que le véritable propriétaire des 20 000 m2 de terres où ils ont “légalement” construit leurs maisons, réclame … “son terrain”. Ils sont 71 attributaires concernés par la décision de justice.   

Formellement et légalement attributaires, mais…

Encore sous le choc, certains habitants essayent d’expliquer à l’équipe de Faso7 dépêchée sur les lieux. « J’ai été réveillé par des huissiers accompagnés par la CRS. Ils sont venus me réveiller ma famille et moi avec des documents. J’étais sous le choc. Je n’ai pas pu lire mais ceux qui ont pris le document avant moi, m’ont fait savoir qu’on a un délai de 8 jours pour déguerpir », s’est exprimé Ouédraogo Apollinaire, résident dans le quartier depuis 5 ans.

 

L’une des nombreuses maisons construites sur les 20 000 m2 à problème © Faso7

 

Etaient-ils au courant qu’ils étaient installés sur des parcelles appartenant à une autre personne ? « Le quartier a été loti en 2009. Les premiers résidents sont arrivés de 2009. Moi je n’ai pas été attributaire. J’ai acheté ma parcelle auprès de quelqu’un qui a été légalement attributaire. J’ai fait toutes les démarches auprès des structures habilitées qui m’ont même dit qu’il n’y avait pas de problème. Je suis allé jusqu’au Guichet unique pour la formalité de mon acte d’achat. (…) Un beau matin, à mon retour d’un voyage, on me fait savoir que des avocats  sont passés avec des correspondances disant qu’il y a une correspondance adressée aux résidents », poursuit Ouédraogo Apollinaire.

D’une parcelle non lotie à des parcelles à problèmes

D’autres résidents plus avisés révèlent que celui qui réclame le déguerpissement  est un homme âgé de 65 ans, appelé  A.T. Selon eux, c’est en 2003 que le nommé A.T a acquis le terrain de 20.000 m², objet du litige. A l’époque,  l’espace était dans une « zone non lotie ».  L’acheteur a alors demandé et reçu en 2007 des autorités communales, un arrêté communal lui octroyant les 20.000 m².

En 2009, lors du lotissement de la trame d’accueil de Tengandogo, la mairie parcelle le terrain de 20.000 m² de A.T  et le distribue à 71 attributaires.

 

Une femme assise, pensive, s’interrogeant sur l’issue de cette affaire © Faso7

 

Ce lotissement a-t-il été fait avec le consentement de A.T ? A-t-il reçu des compensations en nature ou en espèces ? Les résidents ont leur propre opinion sur la question : les éventuelles ententes entre la municipalité et l’intéressé n’auraient pas été formalisées. 

Les tentatives de Faso7 pour joindre le concerné, de même que le maire de la commune de Komsilga, pour confirmer ou infirmer toutes ces informations, sont restées vaines pour l’instant.

Toujours est-il que A.T,  muni de son arrêté communal de 2003 délivré par la mairie,  a saisi la justice pour demander le déguerpissement des résidents de la section 982. La Justice lui a donné raison avec une ordonnance en référé signée par un juge du Tribunal de grande instance de Ouagadougou. 

Que dit la mairie de Komsilga aux résidents  ?

Les regards tournés vers le Mogho Naaba et le gouvernement

« Des résidents ont appelé le maire aujourd’hui et il a juste demandé le nombre de CRS présents »,  répond Tiendrébéogo Yacouba, commerçant et imam du quartier.

A la question de savoir ce que comptent faire les résidents, le soin est laissé au patriarche  de répondre.

“J’ai des femmes, des vieilles personnes et des enfants. Où vais-je aller avec tout ce monde en plein mois d’août ? Je ne suis plus en âge de travailler. Même si on me donne une parcelle en compensation, avec quoi vais-je la construire ?”, se lamente le vieux Rasmané Nikiéma.

Les habitants sont désormais tournés vers le Mogho Naaba et le gouvernement pour trouver une issue à cette situation.

Amadou ZEBA

Faso7



09/08/2021
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