Rennes et Jonathan Pitroipa : L’aventure tourne au vinaigre
SIDWAYA.
En s’engageant avec Rennes, il y a 2 ans 9 mois, Jonathan Pitroipa n’imaginait pas son aventure avec la formation bretonne tourner au cauchemar à un an de la fin de son contrat. L’arrivée de Philippe Montanier a remis les talents du feu follet burkinabé en cause. Chronique d’un divorce annoncé.
Jeudi 7 juillet 2011. Le transfert de Jonathan Pitroipa vient d’être officialisé. Il a paraphé ce jour un contrat de 4 ans avec la formation de l’élite française le stade Rennais. Le Burkinabè quitte donc Hambourg et l’Allemagne après sept saisons en Bundesliga. Ce virevoltant milieu offensif avant qu’il ne foule les pelouses de la Ligue 1 est déjà comparé à l’Ivoirien Gervinho par les confrères français. Pour ses premiers mots au contact de la presse hexagonale, il a dit espérer encore progresser, notamment dans la finition. « J’ai passé sept saisons en Allemagne. Il était temps de changer. J’ai appris beaucoup de choses en Bundesliga. Le championnat français me tentait et Rennes a su me convaincre sur le plan du jeu et du projet », a-t-il dit. Fréderic Antonetti, alors entraineur de Rennes, adopte le feu follet burkinabè. Il est séduit par les qualités de percussion du joueur. Titulaire indiscutable, l’ex pensionnaire de Planète champion international est un élément clé du système Antonetti. Deux saisons plus tard, le fougueux coach quitte la Bretagne. Il est remplacé par Philippe Montanier, un technicien français venu de l’Espagne.
Une arrivée qui sonne du même coup le début des problèmes du meilleur joueur de la coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2013. En réalité, Montanier dès son arrivée n’a jamais été en odeur de sainteté avec l’international burkinabé. Quelques mois après être porté à la tête de l’équipe bretonne, des rumeurs sur le probable transfert de Pitroipa résonnent un peu partout dans la presse française. Même s’il est vrai que Jonathan a connu une période de méforme après la CAN, il a toujours prouvé à chaque fois qu’il a l’occasion de prendre pied sur l’aire de jeu. Petit à petit Montanier, qui a relégué le joueur sur le banc de touche, a montré plus tard qu’il voulait s’en débarrasser lors du dernier mercato hivernal, quand Rennes sur ses recommandations s’est montré très actif en s’adjugeant les services de joueurs comme Ola Toivonen ou encore du Camerounais Paul Georges Ntep. Le club breton s’était sensiblement renforcé dans le secteur offensif. De quoi pousser un ancien cadre comme Jonathan Pitroipa vers la sortie. Lors du dernier jour de cette période de transfert, Jonathan Pitroipa est prié de plier bagage. Direction l’Angleterre. Les dirigeants rennais, dans leur ambition de céder le joueur, ont dû faire face à un revirement de situation.
Le prêt avorté est-il une raison valable ?
Tout était ainsi clair. Pitroipa devait s’engager avec le club anglais de Stoke City pour un prêt de six mois assorti d’une option d’achat de 1 milliard 965 millions de FCFA, le tout avec un salaire mensuel de 85 millions 150 000 FCFA brut, supérieur à celui qu’il perçoit au Stade Rennais (72 millions 050 000 FCFA). Mais comme l’a rapporté le quotidien sportif français « L’Equipe » en son temps, l’affaire a capoté à minuit moins cinq. Et ce, pour plusieurs raisons : d’abord, l’agent du joueur a réclamé une commission supérieure à ce qui avait été prévu, retardant ainsi les négociations. Et après être « revenu à la raison », ce dernier a fait part à son client que l’option d’achat était automatique. Comprendre par là qu’au-delà d’un certain nombre de matchs disputés, le joueur aurait été contraint de rester à Stoke la saison suivante. Une solution qui ne l’a pas enchanté. C’est ainsi que Pitroipa a refusé, dans les derniers instants du mercato, de parapher son bail avec les pensionnaires de Premier League. Notre confrère avait vu juste en se posant alors la question autour de l’avenir du joueur à Rennes, lui qui, après ce transfert avorté, a fait grincer quelques dents au sein du board breton. En cela, L’Equipe avait apparu on ne peut plus clair : « le Burkinabé ne se fera pas de vieux os chez les Rouge et Noir. Le joueur demeure un candidat au départ vers une destination plus lointaine (…). D’ici là, Pitroipa devrait faire banquette. Pour lui, l’aventure bretonne est peut-être bien d’ores et déjà terminée ». Ce qui veut dire qu’une source proche du club breton avait déjà vendu la mèche au confrère français sur l’avenir de Pitroipa.
Montanier a même enfoncé le clou en déclarant, il y a quelques jours de cela, qu’il ne comptera pas sur le joueur pour la saison prochaine. Depuis lors, Jonathan n’a même plus droit au banc de touche de Rennes. Pire, il se met en jambe avec l’équipe réserve, avec qui il dispute les rencontres. Pitroipa ne mérite-t-il pas mieux que cela. Sur la situation du joueur, des interrogations fusent. Qu’a-t-il bien pu faire pour que son aventure à Rennes tourne à un cauchemar ? Rennes veut-il lui faire payer le reçu sur son refus de rejoindre Stoke ? Y avait-il un problème précédent entre le joueur et Montanier ? Rennes veut-il se débarrasser du joueur avant la fin de son contrat en 2015 pour pouvoir profiter des retombées ? Mais selon une source bien introduite, le joueur paie son refus de rejoindre Stoke city. On l’accuse selon la même source d’avoir voulu défendre son agent « qui en voulait gros dans l’affaire » pour mettre l’anathème sur le club. Une thèse qui ne tient pas trop la route puisque les problèmes du joueur ont commencé bien avant cette affaire de prêt. De même que l’on peut reprocher à la formation bretonne, autant l’on peut aussi le faire à l’international burkinabé. Même si de son côté, il peut bénéficier des circonstances atténuantes. De sa méforme après la CAN qui a aussi été l’élément déclencheur des problèmes qu’il vit présentement, il était clair que le joueur, qui a été performant lors de cette compétition, a connu trop de dépense physique, une récupération difficile et aussi une surestimation de soi. Pitroipa a certainement aussi ignoré que le milieu du football professionnel ressemble à une jungle où tous les coups sont permis. Il est fréquent qu’un joueur mette en conflit son concurrent direct avec l’entraineur.
Et à valeur égale, le « rebelle » est vite mis dans les oubliettes. Même si c’était le cas, peut-on se priver d’un apport décisif plus d’un mois pour cause de sanction ? Mentalement, le joueur aussi a failli. De toutes les façons, Jonathan Pitroipa est sûr et certain de quitter Rennes à la fin de la saison. Le président de la fédération burkinabé de football actuellement en France l’a même confirmé à une radio de la place, mais n’a pas voulu s’exprimer sur la prochaine destination du joueur. D’ores et déjà, des prétendants et pas des moindres ne manquent pas. Et en premier lieu la Lazio de Rome. Selon le site « Calcio fanpage », « le premier grand coup du nouveau président de la Lazio de Rome Claudio Lotito s’appelle Jonathan Pitroipa ». Le site annonce que le président biancoceleste serait passé de la parole aux actes. Il serait prêt à débourser près de 2 milliards de FCFA pour le transfert. Et même que certaines pistes peuvent se réveiller. C’est le cas toujours en Italie avec l’Inter de Milan qui aurait, il y a peu, proposé environ 3 milliards de Francs CFA pour s’attacher ses services. L’Inter n’était pas le seul à négocier pour Pitroipa. Marseille (France), Liverpool, Southampton (Angleterre), Schalke 04 et Hambourg (Allemagne) ont aussi manifesté leur intérêt pour le joueur burkinabè. La liste est longue et le co-fondateur de Kada School international aura certainement l’embarras du choix. Il aurait certainement à cœur de prouver à Rennes qu’il s’était trompé à son égard.
Yves OUEDRAOGO
SIdwaya
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