Alors qu’on a appris aujourd’hui, que Gilbert Ouédraogo avait été reçu en audience par le Mogho-Naba à qui il a demandé d’intercéder pour eux auprès de la population, et qu’il a annoncé son intention de se mettre momentanément en retrait de la vie politique, histoire de montrer qu’il a tiré les leçons de ce qui s’est passé, au même moment, son parti, l’ADF/RDA continue de perdre ses ressources humaines. La semaine dernière, d’anciens cadres de sa formation politique étaient allés créer, avec d’autres venus du CDP, la Nouvelle alliance du Faso (NAFA).
Hier, Mathieu Hien, précédemment président du Rassemblement des cadres libéraux de l’ADF/RDA, a annoncé sa démission du parti à compter du 7 février. Dans une lettre adressée à Gilbert Ouédraogo, il s’en explique : « Les évènements des 30 et 31 octobre 2014 ont fortement ébranlé et déstabilisé notre formation politique. En vérité, nous sommes « par terre », assommés par nos propres turpitudes », écrit-il. Pour regagner la confiance des militants et des Burkinabè, il juge « absolument nécessaire et même urgent d’opérer des réformes profondes au sein de notre formation politique », ce que « certains s’obstinent à refuser, malheureusement », et il regrette le manque de volonté « d’assumer nos responsabilités collectives et personnelles face à la situation chaotique dans laquelle nous sommes ». Militant de l’ADF/RDA depuis vingt ans, il rappelle au président Gilbert Ouédraogo avoir « toujours exécuté les missions que le parti m’a confiées avec beaucoup d’engagement et de sacrifices, en toute responsabilité et en donnant le meilleur de moi-même, en prenant parfois des risques énormes pour ma vie et celle de ma famille ».
En totale désaccord avec la manière dont le parti est actuellement dirigé et sans espoir d’un changement dans un proche avenir, la figure régionale du Sud-ouest du parti de l’éléphant s’est résolu à rentre le tablier.
Le 6 décembre dernier, Mathieu Hien avait co-animé, avec le 1er vice-président, Mamadou Diao Koné, une conférence de presse dite « conférence de pardon » au cours de laquelle ils avaient reconnu avoir commis « une erreur politique » en soutenant le projet de révision de l’article 37 de la constitution.
Il souhaite désormais « me consacrer à mes activités professionnelles, simplement soucieux de servir mon pays, sans forcément être un « politicien » actif et en campagne ». Chef d’entreprise, Mathieu Hien est expert en propriété intellectuelle près la Cour d’appel de Ouagadougou et conseil agréé à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle.
Joachim Vokouma
Lefaso.net (France)